concert du 25 mars 2017 au théâtre de Roanne : Anne Pacéo, les photos
Anne Paceo « Circles » à Roanne pour Canal Jazz
Batteuse et globe trotteuse, Anne Paceo est aussi merveilleuse…
Sans évocation de sa déjà longue carrière auréolée de récompenses ôh combien méritées, c’est de son dernier opus qu’il est question ce soir. « Circles » est premièrement un disque, il est désormais aussi le nom du groupe qu’elle présente et à l’inverse de quelques autres de ses collègues bien moins aventureux, ses prestations sont rares, si rares, bien trop rares de part chez nous, félicitons au passage l’association Canal Jazz pour la qualité de sa programmation.
« Pour ce disque, j’ai travaillé autour de la thématique des cercles, des boucles, du caractère cyclique du temps, des choses qui meurent puis renaissent sous une nouvelle forme. »
C’est peut-être aussi qu’il faut les réunir ses trois complices qui comptent dans le paysage du jazz d’aujourd’hui. Loin des hommages qui ne cessent d’être rendus et qui encombreront les festivals d’été, Anne dessine le jazz du moment. De ses voyages aux autres bouts du monde elle rapporte tout d’abord des rythmes qui sont loin des quatre temps qui habitent notre mémoire sonore mais aussi des ambiances, des mélopées, des attitudes venues des zones désertiques de la planète, là où il fait chaud, là où il fait froid, de civilisations que nous ne connaîtrons très certainement jamais, vous et moi, mais aussi des paysages urbains cosmopolites, technologiques, crus, agressifs qui sont les nôtres. C’est bien cette fusion, « ma chère fusion », qu’elle offre là devant nous, le jazz vivant ne peut être que cross over, une fois encore.
Elle aura composé l’intégralité des titres, comme sur le CD c’est Sunshine qui aura proposé la première ambiance. Et comme de l’électronique ils savent s’en jouer, ils ne sont pas sur scène qu’un tapis sonore nous enveloppe déjà. Les filles sont définitivement là devant les scènes qui comptent, qu’elle dialogue avec Céline Bonacina, qu’elle donne la musique d’Anne Paceo, elle siffle, elle vocalise, elle chante, elle susurre, elle… Leïla Martial est étonnante, surprenante ; de cette utilisation des loops et de l’électronique qu’elle a fait sienne, elle sort gagnante, son émotion et sa folie l’emportent. Christophe Panzani, brode, son saxophone soprano est déchirant, volubile, si tendre lorsqu’il est à l’unisson avec Leïla. Le claviériste Tony Paeleman a installé un art très personnel de ses claviers, au-dessus d’un magnifique Fender Rhodes Mark II, un clavier est réservé aux basses, un autre pour quelques mélodies, des boîtes d’effets sans doute et ce son magnifique, ses soli sont retenus, avares de notes, l’essentiel est dit, simplement comme une évidence, l’émotion reste première au service des compositions d’Anne.
Qu’elle soit leader ou sidewoman, Anne Paceo ne laisse personne indifférent, son sourire est ravageur, son drive est poésie même lorsque les rythmes cycliques et obnubilants sont premiers, c’est l’un des arguments de son projet singulier.
Philippe Simonci & photos Christian-Cyril Cordat